Et oui, demain ça va faire 9 mois que je suis partie de mon petit quotidien tranquille. Encore aujourd’hui, j’ai du mal à procéder tout ce qui est arrivé depuis. J’ai aussi du mal à réaliser que ça continue chaque jour et que c’est ma réalité. Faut dire que cette réalité là, personne me l’a imposée. J’suis bien placée pour savoir qu’un billet d’avion ça se magasine en quelques heures et que ça s’achète en quelques minutes. C’est pratiquement comme choisir ce qu’on veut manger au resto: un mélange de décision réfléchie avec un peu (beaucoup) d’impulsivité. Pas mal sure que depuis que je suis partie, j’ai entendu les consignes de sécurité pré-décollage au moins 20 fois. J’vais pas vous mentir, des fois, quand le capitaine annonce qu’on arrive bientôt à destination, j’espère secrètement entendre qu’on atterrit en plein milieu d’une tempête de neige à Montréal pis qui va falloir attendre un peu pour avoir notre café Tim parce que la piste d’atterrissage est glissante.
Vous pensez probablement que je suis folle de vouloir échanger un vol vers une destination exotique en Asie du sud-est pour un vol vers le pôle nord. J’penses plutôt que c’est un des nombreux effets secondaires d’un voyage à long terme. Parce que même si j’échangerais rien au monde pour ce que je suis en train de vivre, ça m’arrive de trouver ça dur.
Ben oui toi, les belles plages de sables blancs, les p’tits bracelets de cheville pis les Bin tangs à 1$ ça l’air du paradis, mais ça vient en package deal avec des nuits à dormir sur le plancher de l’aéroport, des douches chaudes 1 fois par mois pis pas beaucoup d’intimité. Là encore, on s’habitue. Après un certain temps, on en rit. Quand on se rend compte qu’on a oublié nos souliers sous le lit de l’auberge, on est fâché pour une minute et quart pis on passe à autres choses. Tranquillement, on apprend à se détacher de notre comfort et de nos biens matériels et ça nous délivre.
C’qui est vraiment dur, c’est de dire au revoir. Dire au revoir aux gens qu’on rencontre et avec qui on partage des moments forts. Si vous saviez à quel point ça joue avec notre tête et notre coeur tout ça. Y disent qu’on s’endurcie et qu’on s’habitue à la longue. Moi j’vous dit que jusqu’à aujourd’hui, ça reste mon plus gros défi chaque jour. Pis j’crois que c’est ça qui rend le retour à la “réalité” vraiment difficile. On se sent alien au monde auquel on retourne et on se demande si un jour on va revoir ces gens-là avec qui ont a évolué.
Quand j’regarde la personne que j’étais il y a quelques années, ou même il y a quelques mois, j’arrive à peine à me reconnaître. Jamais je m’aurais cru capable de vivre au jour le jour et de pas avoir peur de l’inconnu. La réalité, c’est que ça fait encore peur, mais on développe un goût pour l’adrénaline ou la liberté. Pi ça, ça nous donne la chance de saisir des opportunités uniques.
En l’honneur des 9 derniers mois, et aux nouvelles aventures
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